15 avril – 5 juin 2016
Ce deuxième Lab de la Création Franche propose un regard sur les différents aspects de l’écriture dans les œuvres d’art brut et apparenté de la Collection Création Franche. De l’écriture poétique, utopique ou inventée aux pulsions graphiques, des écrits intimes en passant par les écrits intuitifs, voire « cryptographiques » dont il faut détenir les codes afin d’en percer le secret, jusqu’au graphisme qui s’impose comme œuvre à part entière, cette exposition s’articule suivant de multiples angles d’approche :
- L’écriture narrative qui vient corroborer ou préciser le sens de la représentation en revêtant diverses formes :
- Des titres ou des légendes historiées apposés au recto des œuvres comme chez Yvonne Robert et Yves Jules;
- Des hommages et des dédicaces sur les toiles de Jean Tourlonias qui dédie chacun de ses engins automobiles à une personnalité sous la forme de « spéciale »
- Des écrits apportant des précisions sur la réalisation de la création comme dans les dessins de Gene Merritt ou encore dans celle de Jean-Michel Wuilbeaux et de Serge Delaunay.
- Une introduction de l’écrit immédiatement décryptable comme dans la tapisserie « La marchande de journaux » de Jacques Trovic où les titres des quotidiens sont reportés sur le pourtour de la création ou encore des panneaux routiers et des enseignes de grande distribution chez Pierre-Antoine Grimault
- Des phrases interrogatives ou exclamatives chez Catherine Dupire se chevauchant à la représentation ou encore une signature faisant partie intégrante de l’œuvre de Jean-Joseph Sanfourche
- Les écrits associés à la composition
- l’écriture vient en contrepoint au dessin (Catherine Dupire, Carol Bailly) apposée sur l’œuvre elle-même, venant compléter la représentation picturale
- l’écriture invasive chez Dwight Mackintosh
- l’écriture transgressive sans souci d’exactitude orthographique, dans l’œuvre de Gildas Baudry où titres, inscriptions et onomatopées forment un bloc indissociable
- l’écriture en filigrane dans les œuvres de Dimitri Pietquin.
- L’imprimé comme base ou partie constitutive de l’œuvre
- Utilisation de supports imprimés : Adam Nidzgorski a dessiné sur des pages de journaux et Franck Cavadore sur des pages d’annuaire.
- Collages de fragments d’imprimés (photographie et textes) dans les œuvres de Marie Jakobowicz, Claude Massé, Jakob Morf, Emilie Henry.
- Détournement de l’imprimé : sur les planches anatomiques anciennes réinterprétées par Gilles Manero ou encore les dessins détournés d’Alain Lacoste.
- L’écriture en tant que graphisme et d’œuvre à part entière qu’elle soit répétitive, obsessionnelle, intuitive, imaginaire, pulsionnelle, elle prend la forme d’une syntaxe rythmique.
- Écriture inventée par jeu dans certains dessins de Gérard Sendrey.
- Écriture utopique et pulsionnelle chez Van Melkebeeke où la graphie s’affranchit de sa valeur sémantique. L’auteur déclare écrire des livres pour les enfants dont elle seule connaît la clé cryptographique.
- Écriture codifiée chez Michel Dave, où chaque colonne de mot répond à une couleur qui détermine son sens (nom, verbe, complément) et sa position dans la phrase.
- Écriture en tant que signe et pictogramme chez Louise Lavallée-Tournay.
- Enchevêtrement de lignes qui forme une écriture dont le sens nous échappe, notamment dans la série « caviar » de Gérard Sendrey.
- Les écrits d’artistes/diaristes : carnets et cahiers intimes où se mêlent dessins, esquisses, écriture à l’état fragmentaire, notes. Mais aussi les publications confidentielles autour de la vie et de l’œuvre d’un artiste qui tient lieu de mémoire.
- Et enfin la correspondance – qui fut nourrie dès le commencement du musée entre Gérard Sendrey et les auteurs qu’il a présentés – vient témoigner de l’histoire de la collection Création Franche.
Les mots à l’œuvre