Madge Gill est née à Londres le 19 janvier 1882. Enfant naturelle dans une époque victorienne très stricte, sa mère Emma cache son existence. À l’âge de neuf ans, elle est confiée à l’orphelinat du Dr Barnardo’s et vivra cinq ans à Barkingside. Elle est ensuite envoyée au Canada où elle sera servante dans une ferme. En 1903, elle rentre à Londres et devient infirmière dans un hôpital à Leytonstone. Elle habite alors chez sa tante qui l’initie au spiritisme et à l’astrologie. A l’âge de vingt-cinq ans, elle se marie avec son cousin Thomas Gill, agent de change. Ils auront trois fils dont l’un meurt de la grippe espagnole en 1918. L’année suivante, elle accouche d’une fille mort-née. Elle tombe alors gravement malade et perd l’usage de son œil gauche.
En 1919, elle commence à tricoter, à écrire de manière automatique et à dessiner. Madge Gill travaille la nuit. Elle se dit guidée par une force invisible, un esprit qu’elle nomme Myrninerest, terme qui signifierait, selon l’historien d’art Roger Cardinal, « My inner rest » (mon moi profond). Bien qu’elle privilégie les calicots, elle travaille dans tous les formats, réalisant une vingtaine d’œuvres par semaine à l’encre de Chine et, plus rarement, à l’encre de couleur. Ce sont essentiellement des autoportraits, de facture identique, aux yeux grands ouverts et au regard droit, enserrés dans des motifs géométriques et labyrinthiques. Elle dessine aussi des cartes postales au dos desquelles elle inscrit ses pensées.
Peu après la mort de son mari, vers 1936, elle organise des séances spirites avec des expériences de tables tournantes et de oui-ja, rédige des horoscopes dont les prophéties lui confèrent une certaine renommée. Elle commence à exposer ses dessins, refusant cependant de les vendre. A la mort de son fils Bob, en 1958, Madge Gill s’adonne à la boisson et cesse toute activité créative, se laissant emporter par la maladie. Elle meurt le 28 janvier 1961. On retrouvera chez elle des centaines de dessins empilés dans les placards et sous les lits. Madge Gill compte parmi les créateurs les plus importants de l’art brut médiumnique.
Les œuvres de cette grande figure de l’Art Brut sont présentes dans d’importantes collections parmi lesquelles : la Collection de l’Art Brut à Lausanne et celle de l’Aracine au LaM Lille Métropole.

Publications

  • Catalogue « De l’Art Brut à la Création Franche – Collection Philippe Eternod et Jean-David Mermod », Avril 1997
  • Catalogue « Collection Création Franche – 1989-2010 », Septembre 2010
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Gill, Madge (1882-1961)